Il me semble qu’aucun Vietnamien n’ignore la légende de Thanh Giong (Génie Giong). Transmise oralement de génération en génération, citée dans les manuels scolaires, elle est devenue une œuvre littéraire immortelle. Thanh Giong est le sujet de nombreuses oeuvres d’art. Ce héros mythique national a éveillé l’imagination de générations de Vietnamiens. Cependant, ils ne savent pas tous que Thanh Giong est un génie tutélaire vénéré par une dizaine de villages du delta du Fleuve Rouge. Non loin de Hanoi, dans les villages de Phu Dong du district de Gia Lâm et de Vê Linh du district de Soc Son, Thanh Giong est le sujet de fêtes villageoises, les Fêtes de Giong, qui se déroulent autour des temples de Phu Dong et de Soc. Ces fêtes annuelles présentent des symboles et des scènes théâtrales vivantes inspirées de la légende de ce héros. Elles ont lieu dans une ambiance de respect et de ferveur religieuse très populaire. C’est grâce à ces fêtes que l’immortalité de la légende est assurée. En même temps, elles répondent à d’authentiques demandes spirituelles des habitants. Pour ces raisons essentielles, l’UNESCO a classé les fêtes de Giong au patrimoine immatériel de l’Humanité. L’actuelle fête de Giong du village de Phu Dong a connu bien des changements. A partir d’août 1945, durant les 11 années de résistance contre les Français qui ont suivi, cette fête n’a pas été organisée. Après Dien Bien Phu, elle n’a eu lieu que trois fois, en 1956, en 1957 et en 1958. Puis elle a connu de nouveau une rupture pendant plus de 20 ans. En 1980, pour la première fois après plus de 30 ans d’interruption, elle revit, de manière très sommaire cependant; de nombreux symboles, tels les “Gardes du corps” et les “Généraux”, ainsi que les scènes qui leur sont rattachées, n’y figurent pas. Sur les deux “combats”, un seul, celui de Soi Bia, est représenté. Il faut attendre l’année 1995 pour que la grande fête soit à nouveau organisée. Auparavant, la fête de Giong du village de Phu Dong durait sept jours, selon un programme strict d’activités soigneusement consignées dans le “cahier des fêtes” du village. Malheureusement, ce cahier a disparu durant la guerre. En 1998, un nouveau programme de fête de 3 jours a été établi d’après les souvenirs des personnes âgées des villages. Actuellement, sous la direction des autorités et des services de la culture, les villageois ont décidé de raccourcir leur fête qui dure désormais de 3 à 4 jours, adaptée au programme condensé de 1998. Heureusement, l’ethnologue Nguyen Van Huyen a assisté, en 1937 et en 1938, à la fête de Giong, au village de Phu Dong. En 1938, il a publié deux ouvrages à partir de ses riches observations des jours de fête, minutieuses monographies sur les représentations théâtrales et les symboles d’une bataille mystique Toutes les versions des chants d’Ailao ont été soigneusement retranscrites puis publiées en 1941. De plus, des photographies documentaires, en noir et blanc, imprimées dans les deux premiers ouvrages montrent de façon très vivante la fête de Giong de l’époque. Ce sont des documents rares sur cet héritage original. Ils permettent de mieux comprendre les fêtes de Giong au début du 20ème siècle. À l’occasion de la première organisation des fêtes de Giong après leur classement par l’UNESCO, nous avons l’honneur de présenter ces deux précieux ouvrages. Ils ont été rédigés en français. Leur première version vietnamienne a été publiée en 1995 dans un recueil du professeur Nguyen Van Huyen intitulé Contribution à la recherche des cultures du Vietnam qui a reçu le prix Ho Chi Minh. Dans l’esprit de respect des textes originaux ainsi que du contexte historique, tous les lieux-dits, les termes et les appellations y sont reproduits tels quels. La traduction vietnamienne présente, sans doute, des erreurs, vos critiques et suggestions sont toujours bienvenues.
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